Presque tout ce que nous faisons à un impact sur l’environnement, et le fait d’écouter de la musique en streaming n’échappe pas à cette règle.

Les supports physiques, notamment les CD et les vinyles, avaient des conséquences environnementales plus évidentes en raison des matériaux toxiques et non recyclables utilisés pour les fabriquer. Mais depuis la fin des années 2000, la distribution physique de la musique diminue de plus en plus, laissant place aux plateformes de streaming. Même si cela peut sembler une bonne nouvelle, le streaming, lui aussi, a un impact sur l’environnement.

Voici tout ce que vous devez savoir sur l’impact environnemental du streaming musical.

Comment le streaming musical impacte-t-il l’environnement ?

Lorsque vous écoutez une chanson en streaming, votre appareil accède à des fichiers électroniques stockés sur des serveurs actifs et refroidis situés dans des centres de données partout dans le monde.

Outre les grandes quantités d’énergie que ces centres utilisent, la récupération et la transmission de ces informations, transférées par wifi ou par Internet, nécessitent également de l’énergie. L’appareil que vous utilisez pour écouter de la musique est un autre facteur, car le streaming épuise souvent votre batterie à un rythme plus élevé.

Mais alors, qui a le plus d’impact sur l’environnement, les CD et les vinyles ou le streaming ?

Cela dépend. Le streaming musical est devenu la principale méthode de consommation de musique. En France, il représente plus de 70% du marché de la musique enregistrée, selon les chiffres du Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP). Cette dépendance à l’accès à des millions de chansons au bout de nos doigts se traduit par un impact grandissant sur l’environnement.

Selon Energy Tracker Asia, un individu moyen reçoit en streaming environ 5 heures de contenu par jour, y compris des contenus non musicaux tels que des films et des émissions de télévision via des services tels que Netflix, Amazon Prime et bien d’autres. « Cela permet de libérer jusqu’à 1,57 million de tonnes d’émissions de CO2 », indique l’article, « soit 0,57 milliard de tonnes par an. »

Sharon George, maître de conférences à l’université de Keele, a déclaré dans un article en novembre 2021 que cinq heures de streaming représentaient l’équivalent en carbone d’un boîtier de CD en plastique et que 17 heures de streaming équivalaient à un disque vinyle.

Selon ce même article, ces chiffres, qui peuvent sembler dérisoires à première vue, sont en réalité alarmants d’un point de vue collectif et mondial. Pour illustrer cela, ils ont calculé les émissions générées par les streams de la chanson d’Olivia Rodrigo, « Drivers License », depuis janvier 2021. Selon eux, l’impact environnemental de cette chanson est supérieur à 4 000 vols aller-retour entre Londres et New York, ou aux émissions annuelles de 500 personnes au Royaume-Uni.

Bien entendu, ces chiffres sont en constante évolution. L’infrastructure Internet est en constante amélioration, ce qui signifie que les chiffres d’aujourd’hui ne seront plus d’actualité demain.

Comment réduire les émissions de CO2 lorsque j’écoute de la musique en streaming ?

Limiter la quantité de musique que vous écoutez en streaming est une chose à envisager. Compte tenu des calculs ci-dessus, un bon objectif est d’essayer de se limiter à moins de 5 heures par jour.

Comme pour beaucoup de choses, il s’agit de changer les habitudes prises au cours des dernières années. Il faut savoir également que le streaming sur de petits appareils tels que les ordinateurs portables et les téléphones émettra moins de CO2 que la diffusion sur un appareil plus grand tel qu’un téléviseur.

Si l’idée de réduire la quantité de musique que vous écoutez vous semble difficile (et c’est compréhensible), vous pouvez tout simplement télécharger de la musique plutôt que de l’écouter en streaming à chaque fois.

Le streaming fait payer un lourd tribut au fournisseur de services numériques et à l’appareil de l’auditeur. Le premier active les serveurs où les chansons sont stockées, nécessitant de l’énergie, des systèmes de refroidissement massifs, une connectivité Internet, des bâtiments et des terrains. Les auditeurs, quant a eux, utilisent deux fois plus la batterie de leur appareil lorsqu’ils écoutent en streaming que lorsqu’ils téléchargent. Selon un article de Rolling Stone, le téléchargement de chansons ou d’albums permet de réduire de 80 % les émissions de dioxyde de carbone, car il faut moins d’énergie pour les réécouter.

Le téléchargement de musique à partir de ces services de streaming profite également à l’artiste dont vous écoutez la musique. Cela envoie un signal à l’algorithme que les fans sont passionnés par la chanson. Si un nombre suffisant de personnes téléchargent une chanson spécifique, cela peut permettre à cette chanson d’apparaître dans des listes de lecture telles que les Top Hits du jour. Et ce sont ces listes de lecture qui permettent d’augmenter le nombre d’écoutes (et de téléchargements) sur le service.

Que font les services de streaming musical pour réduire les émissions ?

En septembre 2021, Spotify a rejoint l’Exponential Roadmap Initiative et la Race to Zero des Nations unies, un réseau d’entreprises, de scientifiques et d’organisations non gouvernementales qui s’engagent à réduire de moitié les émissions d’ici à 2030. L’entreprise a également abandonné les centres de données traditionnels au profit de la plateforme Google Cloud, qui, selon Google, est une plateforme neutre en carbone et qui a l’intention d’alimenter tous ses centres de données avec de l’énergie propre d’ici à 2030. Amazon Web Services, qui héberge des services tels qu’Apple Music, alimente également 65 % de ses opérations avec des énergies renouvelables.

Mais même avec ces partenariats et initiatives, les consommateurs et les clients de ces plateformes de musique doivent continuer d’exiger plus de transparence de la part des entreprises, par exemple sur la manière dont elles contribuent à la réduction des émissions de carbone ou sur les conditions de travail de leurs employés.