Les crypto-monnaies sont souvent présentées comme une révolution financière qui va permettre de s’affranchir des banques et des intermédiaires.
Mais pour fonctionner, ces monnaies numériques ont besoin d’énormes quantités d’énergie, d’équipements informatiques puissants et d’une infrastructure réseau mondiale. Certains réseaux de blockchain consomment autant d’électricité qu’un petit pays !
Leur production génère aussi une importante consommation d’eau et des déchets électroniques, ce qui inquiète de plus en plus les experts.
Alors, faut-il s’inquiéter de l’empreinte écologique des crypto-monnaies ? On fait le point.
Combien d’énergie ça consomme vraiment ?
Le minage de crypto-monnaies demande énormément d’électricité. Impossible de mesurer exactement cette consommation, mais on peut l’estimer en fonction de la puissance des machines utilisées.
Bitcoin
Bitcoin est la crypto la plus énergivore. D’après l’indice Cambridge Bitcoin Electricity Consumption (CBEC), son réseau consomme environ 151 térawattheures (TWh) par an, soit 0,59 % de l’électricité mondiale. Pour comparer, c’est plus que la consommation annuelle d’un pays comme l’Ukraine.
D’autres estimations, comme celles de Digiconomist, évoquent 98 TWh. Une seule transaction Bitcoin consommerait autant d’électricité qu’un foyer américain en 15 jours (environ 435,61 kWh).
Ethereum
Ethereum consommait aussi beaucoup avant sa transition vers un modèle plus économe. Avant ce changement, il utilisait environ 5,52 gigawattheures (GWh) selon la CBEC. Digiconomist estimait qu’une transaction Ethereum nécessitait 0,85 wattheure.
Les autres crypto
Il existe des milliers de cryptos et des échanges partout dans le monde. Pourtant, la plupart des études ne se concentrent que sur les plus grandes. De plus, elles ne prennent pas en compte l’énergie dépensée pour créer et gérer ces cryptos.
Plus une crypto prend de la valeur, plus le minage consomme d’énergie. Les récompenses attirent plus de mineurs, ce qui pousse à utiliser des machines toujours plus puissantes… et donc plus gourmandes en électricité.
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Pourquoi le minage de crypto-monnaies consomme autant d’énergie ?
Le minage de crypto-monnaies demande beaucoup d’électricité, et ce n’est pas un hasard. C’est le cœur du système.
Le minage de Bitcoin sert à valider les transactions sans passer par une banque. Pour sécuriser le réseau, il utilise la preuve de travail (Proof of Work). En clair, des milliers d’ordinateurs effectuent des calculs en continu, ce qui consomme énormément d’énergie.
Une course à la puissance
Miner du Bitcoin, c’est une compétition. Plus vous avez de puissance de calcul, plus vous gagnez de récompenses. Pour maximiser leurs profits, les mineurs utilisent des milliers de machines très énergivores.
Le système adapte la difficulté du minage en fonction du nombre de machines actives. Moins il y en a, moins l’énergie consommée est élevée. Mais comme les gains peuvent être énormes, de plus en plus de mineurs se lancent, faisant exploser la consommation d’électricité.
Les pays qui minent le plus
D’après l’Université de Cambridge, trois pays dominent le minage de Bitcoin :
- États-Unis (38 %)
- Chine (21 %)
- Kazakhstan (12 %)
Ces pays utilisent principalement des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz). Résultat, 71 % du minage mondial repose sur des sources d’énergie polluantes.
Des tonnes de déchets électroniques
Les machines de minage deviennent vite obsolètes. Les ASIC, spécialement conçus pour ça, finissent à la poubelle après quelques années seulement. En août 2024, Bitcoin aurait généré plus de 10 000 tonnes de déchets électroniques, selon Digiconomist.
Un impact aussi sur l’eau
Le minage produit beaucoup de chaleur. Pour éviter la surchauffe, certaines fermes utilisent un système de refroidissement par eau. Mais parfois, cette eau est rejetée chaude dans les rivières et lacs, ce qui pourrait perturber l’écosystème. Le problème est encore mal évalué, faute de données précises.
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Toutes les cryptos ne sont pas aussi gourmandes
Bitcoin est loin d’être le seul sur le marché, mais toutes les crypto-monnaies ne fonctionnent pas comme lui. Des réseaux comme Ethereum (depuis sa mise à jour) ou Solana utilisent la preuve d’enjeu (Proof of Stake), un système bien plus économe en énergie. Leur impact environnemental est donc beaucoup plus faible.
Le minage de crypto peut-il être plus écologique ?
Le minage n’a pas besoin d’être aussi gourmand en énergie.
Bitcoin pourrait adopter un système plus économe, comme la preuve d’enjeu (PoS). Ici, pas besoin de machines ultra-puissantes : les validateurs sont choisis selon la quantité de crypto qu’ils mettent en garantie. Ethereum a déjà fait cette transition, réduisant son empreinte carbone de 99,9 %. Mais Bitcoin, lui, reste attaché à son système actuel, tant qu’il est rentable.
Difficile de mesurer précisément l’empreinte carbone des cryptos. La plupart des pays où le minage est pratiqué utilisent encore des énergies fossiles. Mais les mineurs cherchent souvent l’électricité la moins chère, ce qui peut les amener à exploiter des énergies renouvelables. Selon Digiconomist, Bitcoin rejette environ 55 millions de tonnes de CO₂ par an, soit autant que Singapour. Avant son passage à un système plus écologique, Ethereum émettait 35,4 millions de tonnes. Aujourd’hui, son empreinte carbone est presque nulle.