Le numérique est aujourd’hui omniprésent, et son empreinte écologique ne cesse de croître. Face à cette réalité, le gouvernement français a développé le Référentiel Général d’Écoconception de Services Numériques (RGESN), un cadre visant à guider les organisations vers des pratiques plus durables. Ce référentiel est non seulement une réponse à la pression environnementale, mais aussi un outil essentiel pour transformer notre rapport aux technologies numériques.

Voyons ensemble ce qu’est le RGESN, ses objectifs, son contenu, et comment il peut être intégré dans les pratiques professionnelles.

Origines et contexte du RGESN

Le RGESN s’inscrit dans une série d’initiatives du gouvernement français pour réduire l’empreinte environnementale du secteur numérique. Ce référentiel découle de plusieurs étapes clés, notamment le rapport sur l’obsolescence logicielle remis au Parlement en juin 2021. Ce rapport soulignait la nécessité d’adopter des pratiques plus durables dans la conception des services numériques pour limiter leur impact environnemental.

Le RGESN a été conçu sous l’égide de la Mission interministérielle Green Tech, en collaboration avec la Direction interministérielle du numérique (DINUM), le Ministère de la Transition Écologique, l’ADEME, et l’Institut du Numérique Responsable (INR). Son développement répond à l’engagement du gouvernement, exprimé dans sa feuille de route de février 2021, visant à intégrer l’écoconception dans les pratiques numériques en France.

Ce référentiel s’inscrit également dans le cadre de la loi du 15 novembre 2021, qui impose l’écoconception pour certains sites internet. Il constitue une avancée significative pour les entreprises et administrations françaises, leur offrant un guide structuré pour améliorer l’efficacité environnementale de leurs services numériques.

Les objectifs du RGESN

Le RGESN poursuit des objectifs précis, tous orientés vers une réduction de l’impact environnemental des services numériques. Ces objectifs se déclinent principalement en deux axes :

  1. Réduction de la consommation des ressources informatiques : Le numérique, bien que dématérialisé en apparence, repose sur une infrastructure matérielle lourde. Les serveurs, réseaux, et terminaux utilisateurs consomment d’énormes quantités d’énergie. Le RGESN vise à optimiser ces ressources en intégrant des pratiques d’écoconception dès la phase de développement des services numériques.
  2. Lutte contre l’obsolescence des équipements : L’obsolescence rapide des équipements numériques constitue un problème majeur, générant des tonnes de déchets électroniques. Le RGESN encourage la conception de services qui prolongent la durée de vie des équipements en réduisant la nécessité de mises à jour matérielles fréquentes.

À qui s’adresse le RGESN ?

Le RGESN s’adresse à un large éventail de professionnels impliqués dans la conception, le développement, et la gestion des services numériques. Il concerne notamment :

  • Les chefs de projet, responsables de la coordination des équipes de développement et de la mise en œuvre des stratégies d’écoconception.
  • Les assistants à maîtrise d’ouvrage (AMOA) et maîtrise d’œuvre (AMOE), qui jouent un rôle clé dans la définition et la réalisation des spécifications techniques.
  • Les UX/UI designers, chargés de concevoir des interfaces utilisateur efficaces et durables.
  • Les développeurs et architectes logiciels, responsables de l’optimisation du code et de l’infrastructure logicielle.
  • Les graphistes et rédacteurs web, qui doivent également intégrer les principes d’écoconception dans leur travail.

En somme, le RGESN est un outil indispensable pour toute personne impliquée dans la création ou la refonte d’un service numérique, quel que soit son rôle dans l’organisation.

Les principes fondamentaux du RGESN

Le RGESN repose sur une série de principes fondamentaux qui guident les professionnels dans la conception de services numériques durables. Ces principes sont :

  1. Minimisation de l’empreinte écologique : Chaque étape du cycle de vie d’un service numérique, de la conception à l’exploitation, doit être optimisée pour réduire son impact sur l’environnement. Cela inclut la gestion des ressources énergétiques et matérielles, ainsi que la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
  2. Optimisation des performances : L’écoconception ne doit pas se faire au détriment des performances. Au contraire, elle encourage l’optimisation des services pour qu’ils soient plus efficaces et moins gourmands en ressources.
  3. Durabilité et résilience : Les services numériques doivent être conçus pour durer. Cela implique de réduire la fréquence des mises à jour matérielles et logicielles, ainsi que de prolonger la durée de vie des équipements.
  4. Inclusivité : L’écoconception doit également prendre en compte l’accessibilité et l’inclusivité. Les services numériques doivent être accessibles à tous, y compris aux personnes handicapées, sans sacrifier les principes de durabilité.

Le contenu du référentiel général d’écoconception de services numériques

Le RGESN est structuré en 8 sections principales, chacune couvrant un aspect spécifique de l’écoconception des services numériques :

  1. Stratégie : Cette section pose les bases de l’écoconception, en définissant les objectifs à long terme et les indicateurs de performance. Elle aborde également la nécessité d’une gouvernance claire pour superviser les initiatives d’écoconception.
  2. Spécifications : Ici, les exigences techniques sont élaborées en intégrant des critères de durabilité. Cela inclut la sélection des matériaux, l’efficacité énergétique, et la réduction des déchets électroniques.
  3. Architecture : La conception de l’infrastructure numérique est cruciale pour minimiser l’empreinte environnementale. Cette section couvre les choix architecturaux qui permettent de réduire la consommation d’énergie et d’optimiser l’utilisation des ressources.
  4. UX/UI : L’expérience utilisateur (UX) et l’interface utilisateur (UI) jouent un rôle clé dans l’efficacité d’un service numérique. Cette section encourage des designs épurés et fonctionnels, réduisant ainsi les besoins en calculs et en bande passante.
  5. Contenus : Les contenus numériques (textes, images, vidéos) doivent être optimisés pour minimiser leur poids et leur impact environnemental. Cela inclut l’utilisation de formats de fichier légers et l’optimisation des images pour le web.
  6. Frontend : Le code côté client doit être écrit de manière à consommer le moins de ressources possible. Cela inclut l’optimisation du JavaScript, du CSS, et des médias interactifs.
  7. Backend : Le serveur et l’infrastructure logicielle doivent être conçus pour maximiser l’efficacité énergétique. Cela peut inclure l’utilisation de serveurs basse consommation, la virtualisation, et la réduction de la redondance des données.
  8. Hébergement : L’hébergement des services numériques doit être assuré par des infrastructures respectueuses de l’environnement. Cette section encourage l’utilisation de centres de données écoresponsables, alimentés par des énergies renouvelables.

La mise en œuvre du RGESN : Audits et auto-évaluations

Pour intégrer le RGESN dans une organisation, il est nécessaire de réaliser des audits réguliers et des auto-évaluations. Ces démarches permettent d’identifier les écarts par rapport aux recommandations du référentiel et de mettre en place des actions correctives. Elles sont également un outil précieux pour démontrer l’engagement de l’organisation en matière de durabilité, que ce soit pour des raisons éthiques ou pour répondre à des obligations légales.

Les audits RGESN peuvent être réalisés en interne ou par des organismes externes spécialisés. Ils incluent généralement une évaluation complète de l’empreinte environnementale des services numériques, ainsi qu’une analyse des processus de développement et d’exploitation. Les résultats de ces audits peuvent ensuite être utilisés pour ajuster les stratégies d’écoconception et améliorer la performance globale des services.

L’importance de l’écoconception numérique

L’intégration de l’écoconception dans les pratiques numériques est non seulement une exigence réglementaire, mais aussi une nécessité économique et environnementale.

Grace à l’optimisation de l’efficacité des services numériques, les organisations peuvent réduire leurs coûts énergétiques, prolonger la durée de vie de leurs équipements, et minimiser leur empreinte écologique.

De plus, l’écoconception renforce l’image de marque. Elle positionne l’entreprise comme un acteur responsable et innovant, dans un marché de plus en plus sensible aux enjeux environnementaux.

Ce cadre bien structuré aide les entreprises et les administrations à relever les défis environnementaux tout en restant compétitives. Adopter le RGESN, c’est repenser nos pratiques numériques, réduire notre impact sur la planète, et contribuer à un avenir plus durable. Tous les acteurs du numérique doivent s’approprier ce référentiel et l’intégrer dans leurs stratégies de développement.