Le marché de l’emploi est devenu de plus en plus difficile ces dernières années. Les licenciements massifs et les réductions budgétaires ont drastiquement réduit le nombre de postes disponibles.

Pourtant, en faisant des recherches sur des sites comme LinkedIn ou Indeed, on pourrait penser que le marché est encore dynamique. Des milliers d’annonces d’emploi sont publiées chaque jour, donnant l’impression que de nombreuses entreprises recrutent activement. Mais une observation plus attentive révèle une autre réalité : beaucoup de ces annonces sont anciennes, certaines datant de plus de 30 jours, voire de plusieurs mois. Alors pourquoi ces offres sont-elles toujours en ligne ?

La réponse réside dans un phénomène de plus en plus courant : les « emplois fantômes ». Ces postes, bien qu’affichés publiquement, ne sont pas toujours destinés à être pourvus. Ils constituent un obstacle frustrant pour les demandeurs d’emploi, qui consacrent du temps et des efforts à postuler à des postes qui n’existent peut-être même pas.

Les raisons derrière la prolifération des « emplois fantômes »

Une enquête menée par Clarify Capital, une entreprise spécialisée dans les prêts aux entreprises basée à New York, a révélé que près de 70 % des offres d’emploi restent ouvertes pendant plus de 30 jours. Parmi celles-ci, 10 % ne trouvent jamais preneur, même après six mois. Mais pourquoi ces offres d’emploi restent-elles en ligne alors que le marché semble saturé ?

Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. Près de la moitié des recruteurs interrogés ont admis qu’ils laissent ces offres en ligne pour garder une porte ouverte à de potentiels candidats intéressants. En d’autres termes, ces entreprises ne cherchent pas activement à pourvoir ces postes, mais elles souhaitent rester réactives face à des candidatures spontanées de qualité. Cela leur permet de constituer un vivier de talents qu’elles pourront solliciter en cas de besoin futur.

De plus, ces annonces d’emploi servent parfois à projeter une image spécifique de l’entreprise. Environ 40 % des recruteurs avouent qu’ils publient des offres pour donner l’impression que leur entreprise est en croissance. Dans un marché de l’emploi compétitif, afficher des postes vacants peut indiquer une croissance ou une stabilité économique, ce qui attire tant les clients que les investisseurs.

Enfin, il arrive que ces offres d’emploi soient utilisées pour motiver les employés actuels. En laissant entendre que de nouveaux employés pourraient bientôt arriver, les entreprises cherchent à apaiser les craintes de surcharge de travail et à maintenir un moral élevé au sein des équipes. Cette stratégie, bien que temporairement efficace, risque cependant d’entraîner des déceptions si les renforts attendus ne se concrétisent jamais.

L’impact sur les chercheurs d’emploi

Pour les chercheurs d’emploi, les « emplois fantômes » sont une source de frustration majeure. Chercher un emploi est déjà un processus long et éprouvant. Chaque candidature nécessite du temps : il faut adapter son CV, rédiger une lettre de motivation personnalisée, remplir parfois des formulaires en ligne complexes et répondre à des questions de présélection. Tout cela demande un investissement personnel considérable, surtout lorsque l’on postule à plusieurs offres simultanément.

Mais postuler à des emplois qui n’existent pas ou qui ne seront jamais pourvus est encore plus décourageant. Les chercheurs d’emploi peuvent avoir l’impression de lancer leurs candidatures dans le vide, sans jamais obtenir de réponse. Cette situation peut conduire à une perte de motivation, voire à un épuisement psychologique. Le processus de recherche d’emploi devient ainsi un cycle de frustration et de désillusion.

Le phénomène des « emplois fantômes » est particulièrement répandu dans certains pays. Aux États-Unis, les spécialistes estiment qu’il y a environ 1,7 million d’emplois fantômes sur LinkedIn. Au Royaume-Uni, une société de ressources professionnelles basée à Londres a constaté qu’en 2023, plus d’un tiers des offres d’emploi en ligne étaient des emplois fantômes. Ces chiffres colossaux illustrent l’ampleur du problème.

Cependant, toutes les offres d’emploi qui semblent être des « emplois fantômes » ne le sont pas forcément. Divers facteurs peuvent ralentir le processus de recrutement, créant l’impression que les annonces ne sont plus actives. Par exemple, un manque de ressources pour traiter les candidatures ou un grand nombre de postulants peut retarder le processus d’embauche.

Les risques pour les entreprises qui publient des « emplois fantômes »

Bien que les « emplois fantômes » puissent offrir des avantages temporaires aux entreprises, comme améliorer leur image ou enrichir leur base de CV, ces pratiques comportent des risques importants. Les candidats, déçus par une expérience négative avec une entreprise, pourraient décider de ne plus jamais postuler à ses offres. De plus, ils pourraient partager leurs mauvaises expériences, ce qui pourrait nuire à la réputation de l’entreprise à long terme.

En fin de compte, les entreprises qui publient des « emplois fantômes » risquent de se retrouver confrontées aux conséquences de ces pratiques. Pour éviter cela, une plus grande transparence dans le processus de recrutement et une communication claire avec les candidats sont essentielles afin de maintenir leur confiance et préserver la réputation de l’entreprise.

Face à cette situation, certains chercheurs d’emploi adaptent leur approche. Plutôt que de postuler massivement à toutes les offres qu’ils trouvent, certains candidats choisissent de cibler des postes spécifiques, correspondant étroitement à leurs compétences et à leurs aspirations. Cette approche plus sélective peut sembler risquée dans un marché de l’emploi difficile, mais elle peut aussi permettre aux chercheurs d’emploi d’éviter l’épuisement et de se concentrer sur les opportunités qui comptent vraiment.