On le sait, nos habitudes en ligne ne sont pas sans conséquence pour l’environnement. Les centres de données, ces gigantesques infrastructures qui alimentent nos services préférés, consomment des quantités croissantes d’électricité. Les entreprises vantent leurs efforts pour réduire leur impact environnemental, mais qu’en est-il réellement de nos propres pratiques, comme la gestion de nos e-mails ? Est-il vraiment écologique de les supprimer ?
L’impact des données sur la planète
L’industrie du numérique a un impact écologique significatif. Cet impact risque de s’aggraver à mesure que le volume de données et de services numériques explose. L’expression « Les données sont l’or noir du 21e siècle » reflète bien notre tendance à accumuler des données, souvent inutiles. Une grande partie de ces données ne sert à rien, mais leur stockage entraîne des coûts opérationnels et environnementaux considérables.
Mike Berners-Lee, écrivain et chercheur anglais sur l’empreinte carbone, affirme que notre utilisation annuelle du courrier électronique génère jusqu’à 40 kilogrammes de CO2, l’équivalent de parcourir 200 kilomètres en voiture.
Cependant, une étude de l’Université du Québec à Chicoutimi remet en question cette affirmation, suggérant que nos e-mails ont un impact relativement faible sur l’empreinte carbone des utilisateurs numériques.
Étude sur l’empreinte carbone des e-mails
Les chercheurs ont examiné les conséquences d’une réduction massive de l’envoi et du stockage des e-mails. Ils ont constaté que, bien que cela puisse avoir d’autres avantages, l’impact sur la planète reste minime. Les systèmes de stockage en cloud fonctionnent 24 heures sur 24 avec une charge énergétique constante. Que nous envoyions un e-mail ou non, l’énergie consommée par ces systèmes reste la même.
De plus, le volume de spams, qui représente environ 6 fois celui des e-mails légitimes, montre que ces derniers ne constituent qu’une infime part du trafic internet, estimé à environ 1%. En comparaison, le streaming vidéo, beaucoup plus gourmand en énergie, représente plus de 80% du trafic internet.
L’étude de l’Université du Québec souligne que l’électricité nécessaire pour stocker environ 3 500 e-mails (de 5 Mo chacun) produit autant de CO2 qu’une voiture parcourant un kilomètre. Ainsi, supprimer 1 000 courriels permettrait d’économiser seulement cinq grammes de CO2. Effacer 1 000 courriels en utilisant un ordinateur portable pendant 30 minutes génèrerait environ 30 grammes de CO2 avec de l’électricité non renouvelable et environ 5 grammes avec de l’énergie renouvelable.
Des solutions plus efficaces
L’empreinte carbone d’un courriel dépend principalement de l’appareil utilisé pour le composer, l’envoyer et le lire. La fabrication de ces appareils est beaucoup plus énergivore que leur utilisation. La meilleure façon de réduire notre empreinte carbone n’est pas d’arrêter d’utiliser les e-mails, mais plutôt de limiter l’achat de nouveaux appareils numériques et de prolonger la durée de vie de ceux que nous possédons déjà. Opter pour des appareils à faible consommation d’énergie lors du remplacement est également une solution plus efficace.
Si supprimer des e-mails peut sembler un geste écologique, les faits montrent qu’il existe des moyens bien plus efficaces de réduire notre empreinte carbone. Le nettoyage de nos données peut avoir des avantages, mais l’impact environnemental n’est pas le plus significatif. Préférer des pratiques plus durables, comme prolonger la vie de nos appareils et choisir des technologies moins énergivores, reste la voie à suivre pour un futur plus vert.