Les navigateurs “boostés à l’intelligence artificielle” se multiplient. OpenAI, Perplexity et d’autres veulent concurrencer Chrome. Plus de choix, c’est bien. Mais ces nouveaux navigateurs ne sont pas vraiment au point.

Beaucoup d’utilisateurs et de blogueurs ont testé ces outils, et un constat revient souvent : Ces navigateurs ne tiennent pas leurs promesses et posent même plusieurs problèmes sérieux.

Des agents IA faciles à manipuler

Une attaque par injection de prompt consiste à cacher des instructions dans une page web. L’IA lit tout, y compris ce qui est invisible à l’écran, et suit ces consignes comme si elles venaient de l’utilisateur. Rien n’est piraté. L’IA obéit juste à ce qu’elle voit.

Dans un navigateur IA, le risque est plus élevé car l’agent analyse la page entière. Une simple ligne cachée peut modifier entièrement sa réponse. Un site peut alors pousser l’agent à ignorer la demande réelle ou à produire un résultat trompeur.

Même OpenAI reconnaît que son navigateur ChatGPT Atlas reste vulnérable. Et des tests simples prouvent que ces agents peuvent être détournés sans grande difficulté. Si une manipulation aussi basique fonctionne, un site commercial ou malveillant pourrait aller beaucoup plus loin. Par exemple, influencer un conseil d’achat ou orienter vers des liens dangereux.

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Le navigateur IA collecte énormément d’informations

Depuis des années, Google dresse un portrait détaillé de ses utilisateurs à travers leurs recherches, leurs déplacements ou leurs vidéos regardées. Les modèles d’IA vont encore plus loin.

Une conversation avec une IA est souvent plus personnelle qu’une recherche classique. Les utilisateurs racontent leur quotidien, leurs doutes ou leurs préférences. Ces échanges servent ensuite à améliorer les futurs modèles. Les données entrent donc dans un grand ensemble qui influencera les réponses destinées à des millions de personnes.

Avec un navigateur IA, chaque page visitée et chaque action peut être envoyée en ligne. Le coût en confidentialité devient très élevé. Ces navigateurs offrent ainsi un moyen extrêmement simple pour les entreprises de construire un profil très précis des utilisateurs.

Les agents IA résolvent rarement vos problèmes

Ces agents promettent d’accomplir des tâches automatiquement. Dans les faits, ils se montrent encore très limités. Ils inventent parfois des actions, résument des pages sans raison ou ne comprennent pas certains éléments basiques d’un site. Ils sont aussi lents et finissent par compliquer des tâches faciles.

Le plus inquiétant reste la sécurité. Ces agents peuvent tomber dans des pièges comme des arnaques par mail. Un navigateur qui se fait tromper par une fraude représente un échec total.

Si ces agents constituent l’argument principal de ces navigateurs et qu’ils apportent autant de risques, il devient difficile de justifier leur usage actuel.

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Les extensions font déjà presque tout

En observant les navigateurs IA les plus connus, un détail saute aux yeux. Ils se ressemblent beaucoup. Perplexity Comet, ChatGPT Atlas et Dia utilisent la même idée. Un modèle IA pour répondre aux questions, une barre latérale capable de lire la page, et quelques fonctions d’automatisation. Rien de vraiment unique.

En réalité, la plupart de ces fonctions peuvent être reproduites avec un simple navigateur Chromium et quelques extensions. L’intelligence vient du cloud, pas du navigateur. Le navigateur n’est qu’une interface.

Des outils comme l’extension Perplexity pour remplacer la recherche ou FillApp pour obtenir une barre latérale IA existent déjà. En combinant ces outils, l’utilisateur retrouve presque les mêmes options sans changer de navigateur.

Les navigateurs IA doivent évoluer. Les entreprises doivent dépasser l’idée qu’un modèle de langage suffit à créer un navigateur intelligent. Une véritable innovation devrait améliorer l’expérience, pas se limiter à répéter ce que l’utilisateur voit déjà.