D’ici 2030, l’Union européenne veut que 75 % des organisations utilisent le cloud. Mais cette transition massive soulève des questions majeures : où sont stockées les données, qui peut y accéder et quelles lois s’appliquent selon leur localisation.
Dans un contexte géopolitique tendu, mal gérer cet aspect peut coûter cher : amendes, pertes financières et atteintes à la réputation.
La dépendance aux géants américains
Les grands fournisseurs américains dominent le cloud, mais leur cadre juridique inquiète de plus en plus l’Europe.
Des lois comme le CLOUD Act permettent aux autorités américaines d’accéder à des données, même stockées à l’étranger. Cette situation pousse les entreprises européennes à chercher des alternatives locales pour protéger leurs informations.
Au Royaume-Uni, plus de 50 % des responsables IT prévoient de réduire leur dépendance aux fournisseurs américains, et 45 % veulent limiter leur exposition à la juridiction des États-Unis.
L’IPCEI-CIS : vers un cloud souverain en Europe
L’Europe investit dans un cloud sécurisé, local et conforme au RGPD pour protéger ses données stratégiques.
Le projet IPCEI-CIS (Important Projects of Common European Interest on Cloud Infrastructure and Services), soutenu par plus de 100 entreprises, veut créer une infrastructure cloud 100 % européenne.
Objectifs :
- Réduire la dépendance aux géants étrangers
- Offrir un stockage local sécurisé
- Favoriser l’innovation numérique en Europe
Même des acteurs comme Azure et AWS participent à cette initiative, aux côtés de fournisseurs européens spécialisés.
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Rapatrier ses données : un choix stratégique
Quitter totalement le cloud public n’est pas nécessaire, mais un meilleur contrôle de certaines données devient une priorité.
De nombreuses entreprises optent pour un rapatriement partiel de leurs données vers des serveurs internes ou des clouds privés. Les principaux avantages sont :
- Plus de contrôle sur l’accès aux données
- Sécurité renforcée face aux risques externes
- Conformité assurée avec la législation locale
- Réduction potentielle des coûts
Selon les études, 21 % des données ont déjà été retirées du cloud public, et 80 % des responsables IT envisagent une forme de rapatriement.
Une stratégie qui implique toute l’entreprise
La souveraineté des données est une responsabilité collective, pas seulement une affaire de service informatique.
Pour réussir, il faut mobiliser la direction, les services juridiques, la finance et les équipes techniques. Les fournisseurs cloud doivent fournir des réponses claires sur la localisation des données et la loi applicable.
Les entreprises qui prennent ces décisions dès aujourd’hui seront mieux armées pour un avenir numérique autonome et sécurisé.
La souveraineté des données est l’un des piliers de l’indépendance numérique de l’Europe. Les organisations qui anticipent ce changement auront un avantage stratégique décisif dans les années à venir.
Source : technative.io